46. Sixième principe de Bahá'u'lláh: Egalisation des moyens d'existence

(46.1)
Tous les êtres humains ont droit à la vie, au repos et à un certain degré de bien-être.

(46.2)
De même qu'un homme riche peut vivre dans son palais, dans le luxe et le plus grand confort, un homme pauvre devrait avoir le nécessaire pour vivre.

(46.3)
Personne ne devrait mourir de faim. Chacun devrait avoir des vêtements en suffisance. L'un ne devrait pas vivre au milieu d'un luxe excessif, tandis que l'autre n'a aucun moyen d'existence. Essayons de toutes nos forces de modifier heureusement ces conditions, afin que personne ne puisse être dépourvu de tout.

Abdu’l-Baha 

 

 

57. Sixième principe: Egalisation des moyens d'existence

(57.1)
L'un des principes les plus importants de l'enseignement de Bahá'u'lláh est le droit de chaque être humain au pain quotidien qui entretient la vie ou à l'égalisation des moyens d'existence.

(57.2)
L'ajustement des conditions de vie doit être tel que la pauvreté des peuples disparaisse et que chacun, autant que possible et suivant son rang et sa position, ait sa part de confort et de bien-être.

(57.3)
Nous voyons autour de nous, d'une part des gens surchargés de richesses, et de l'autre, des êtres malheureux, affamés, privés de tout, ceux qui possèdent plusieurs palais somptueux, et ceux qui ne savent pas où reposer leur tête.

(57.4)
Les uns se nourrissent de plats délicats et coûteux, alors que d'autres trouvent à peine assez de croûtes de pain pour subsister. Quelques-uns sont vêtus de velours, de fourrures et de lingeries fines, les autres de minces vêtements de mauvaise qualité, insuffisants pour les protéger du froid. Cet état de choses est injuste et il faut y remédier.

(57.5)
Mais le remède doit être choisi avec circonspection. Il ne peut consister à établir l'égalité absolue entre les hommes. Celle-ci est une chimère tout à fait impraticable. Même si on parvenait à l'établir, elle ne pourrait durer. Et si cette égalité était possible, tout l'ordre du monde en serait détruit.

(57.6)
La loi de l'ordre doit toujours prévaloir chez les humains. Le ciel l'a ainsi décrété en créant l'homme.

(57.7)
Il est des êtres très intelligents, d'autres pourvus d'une intelligence ordinaire, et d'autres encore dépourvus d'intellect. Entre ces trois catégories de personnes, il y a de l'ordre mais pas d'égalité. Comment pourrait-il y avoir égalité entre la sagesse et la stupidité ?

(57.8)
L'humanité exige, comme une grande armée, un général, des capitaines, des sous-officiers de tous grades et des soldats qui aient chacun une affectation bien déterminée.

(57.9)
La hiérarchie est absolument nécessaire pour assurer une organisation méthodique. Une armée ne pourrait se composer seulement de généraux, ou de capitaines, ou seulement de soldats sans une autorité à leur tête. Il en résulterait à coup sûr le désordre et la démoralisation pour toute l'armée.

(57.10)
Le roi et philosophe Lycurgue avait combiné un vaste plan pour établir l'égalité parmi les habitants de Sparte. L'expérience fut tentée avec sagesse et esprit de sacrifice. Le roi appela ensuite les sujets de son royaume, puis il leur fit jurer solennellement de maintenir le même système de gouvernement s'il quittait le pays, et de n'en rien modifier jusqu'à son retour. Ayant reçu ce serment, il quitta le royaume de Sparte et n'y revint jamais. [nota : le roi et philosophe Lycurgue vécu au IXe siècle avant Jésus-Christ]

(57.11)
Lycurgue abandonna ainsi sa situation, renonçant à sa haute position, et croyant assurer le bonheur permanent du pays par l'égalisation des biens et des conditions d'existence dans son royaume. Tout le sacrifice de ce roi fut vain. La grande expérience échoua. Au bout de quelque temps, tout fut aboli et sa constitution soigneusement élaborée fut changée.

(57.12)
La puérilité d'une telle tentative apparut, et l'impossibilité d'établir des conditions égales d'existence fut proclamée dans l'ancien royaume de Sparte. De nos jours, tout essai de ce genre serait également voué à l'échec.

(57.13)
Etant donné l'excessive richesse des uns et la pauvreté lamentable des autres, une organisation est nécessaire pour contrôler et améliorer cet état de choses. Il importe de limiter les fortunes et aussi de limiter la pauvreté. Ces extrêmes ne sont pas justes. Il est préférable d'avoir des ressources moyennes.

(57.14)
Si, pour un capitaliste, il est juste de posséder une grande fortune, il est également juste que ses employés aient des moyens d'existence suffisants. Un financier ne devrait pas posséder une richesse considérable alors que son malheureux voisin est dans un cruel dénuement.

(57.15)
Quand on voit la pauvreté aller jusqu'à la famine, c'est un signe certain que la tyrannie se cache quelque part.

(57.16)
Les hommes doivent se hâter sans plus attendre de modifier ces conditions qui réduisent un grand nombre de gens à une déprimante pauvreté. Il faut que les riches ouvrent leur coeur, développent en eux une intelligente compassion, qu'ils s'occupent de ces malheureux dénués des premières nécessités de la vie et leur donnent une partie de leurs richesses.

(57.17)
Des lois spéciales doivent être établies concernant ces conditions extrêmes de richesse et de pauvreté.

(57.18)
Les membres du gouvernement devraient réfléchir aux lois de Dieu quand ils forment des plans pour gouverner les peuples.

(57.19)
L'ensemble des droits de l'humanité doit être maintenu et préservé.

(57.20)
Les gouvernements devraient se conformer à la loi divine qui témoigne une égale justice à tous. Tel est le seul moyen permettant de supprimer le regrettable superflu que procure une immense fortune, ainsi que la pauvreté déplorable qui démoralise et dégrade l'homme. Tant que ceci ne sera pas accompli, nous n'aurons pas obéi à la loi de Dieu.

Abdu’l-Baha